Publié par SEO690281 le
En tant que conseillers en architecture des SI industriels et intégrateurs de solutions informatiques, nos clients attendent de nous que nous puissions proposer une méthodologie de projet efficace et adaptée. Notre préférence va bien souvent aux méthodes agiles. Pourtant, elles ne sont pas toujours faciles à appliquer dans un monde industriel. Nos interlocuteurs ayant souvent des profils mixtes (SI, experts métier, opérateurs…), tous n’y ont pas été sensibilisés [1] , ce qui peut même mettre en péril la réussite du projet.
Pourtant, ces méthodes, ont déjà entre vingt et trente ans et se démocratisent progressivement en France, y compris dans les entreprises industrielles.
En parallèle, de plus en plus de projets de digitalisation voient le jour. Ne serait-ce pas l’opportunité pour l’Agilité de faire sauter pour de bon les derniers freins à son arrivée dans l’industrie ?
[1] L’agilité, une solution magique ? , Perrine Thiébaut, 07/05/2019
L’Agilité prend ses racines dans l’industrie automobile et le Lean. Ainsi, Lean et agile ont pour base commune des principes d’amélioration continue, de Juste-à-temps, de suppression des tâches à faible valeur ajoutée. A un niveau plus détaillé encore, des notions telles que le lotissement, la rationalisation de la production et la diminution des en-cours sont reprises par les méthodes agiles. Et tout comme le Lean a responsabilisé les opérateurs dans leurs tâches quotidiennes, les méthodes agiles poussent à constituer des équipes auto-gérées.
Lean et agilité sont donc des mentalités similaires. Pourtant, comme présenté en introduction, tous nos interlocuteurs du monde de l’industrie n’en ont pas la même sensibilité. Alors, pourquoi voit-on si peu d’adhésion ?
Il existe déjà des succès d’utilisation de la méthode Scrum, l’une des méthodes agiles les plus connues, pour produire des biens « physiques » : 9 mois pour construire un échangeur à Bangalore au lieu de 18, des gains de temps de cycle (temps total passé entre la réception de matière première jusqu’à l’envoi du produit fini au client) de 66% chez Intel… [1] Wikispeed et Joe Justice ont également prouvé que oui, il est possible de concevoir et produire une voiture peu consommatrice en quatre-vingt-dix jours avec une méthodologie Scrum, le tout avec des volontaires répartis sur toute la surface du globe… en open-source [2] .
Cependant, si Wikispeed a pu conduire son projet de cette façon, c’est parce que l’entreprise évoluait « hors système », selon ses propres règles. A l’inverse, l’industrie automobile (par exemple) est un écosystème où toutes les entreprises sont liées entre elles, à la fois fournisseurs et clientes. Pour éviter toute dérives pouvant toutes les impacter, l’industrie a été normalisée : on utilise donc les mêmes outils, les mêmes références, les mêmes standards… et la même façon de gérer un projet. Les constructeurs voire équipementiers conçoivent les voitures de demain et imaginent les futures tendances des années avant leur mise en production. Donc pour faire face à de telles contraintes, sur des marchés toujours plus compétitifs, les acteurs de l’industrie se basent sur un modèle qui marche pour elles depuis des décennies : les méthodes « traditionnelles ».
[1] Scrum pour les nuls , Mark C. Layton, First Interactive Editions, p161 à 178
[2] wikispeed.org
Les « projets IT » ne sont bien sûr pas nouveaux dans les industries. De la mise en place d’un logiciel de facturation à l’implémentation d’un ERP complet, ils sont mêmes plus que courants. Mais jusqu’à présent, toutes les innovations étaient poussées par un besoin d’amélioration de l’existant. Comment puis-je diminuer mes en-cours, faciliter mes démarches administratives, diminuer mes pertes ?
Pour répondre à ces mêmes questions, les projets d’industrialisation 4.0 vont chercher des technologies disruptives. C’est une remise en cause des méthodes de travail, de pensée, en repoussant toujours plus loin les interactions Hommes-Machines et l’intégration de tous les services de l’entreprise. Faire mieux reste le but, mais pour l’atteindre, il faut savoir s’éloigner des habitudes, abandonner l’idée que si l’on a toujours fait comme ça, c’est forcément la meilleure solution.
Ainsi, se lancer dans la digitalisation et surtout l’Industrie 4.0, c’est avoir conscience que sa culture d’entreprise va être impactée.
Devenir une « Industrie du Futur » prend du temps. Cela demande un accompagnement au changement de tout instant. En parallèle, de nouvelles opportunités apparaissent presque chaque jour dans chacun des domaines de l’industrie 4.0 : IA, Big Data, Cloud… des opportunités qui peuvent être pertinentes pour vous !
Être une usine connectée, digitalisée, c’est briser les silos entre les équipes, faire des groupes de travail auto-gérés et multidisciplinaires. Cela demande un changement profond mais progressif, incluant les équipes terrain, IT et de direction. Ce sont les valeurs mêmes défendues par l’Agilité.
Alors pour nous, devenir une entreprise 4.0, c’est également devenir une entreprise agile. Cela peut donc être une opportunité pour les industries s’engageant dans cette voie de se former à l’agilité, pour trouver de nouvelles façons de travailler, de produire de la valeur.
Qu’en pensez-vous ? Est-ce qu’en plus d’être une évolution technique, la digitalisation pourrait-elle rendre plus agiles nos modes de travail ?